tableau de la salle du Conseil, désirant surpasser son rival.
Il choisit un épisode de la guerre contre Pise : par une journée chaude, les soldats florentins se baignent dans l’Arno ; les tambours battent la générale – l’ennemi est signalé ; les soldats se hâtent de rejoindre la rive, sortent de l’eau où leurs corps fatigués se délectaient et, soumis à la discipline, ils remettent leurs vêtements poussiéreux, leurs cuirasses et leurs casques chauffés par le soleil.
Ainsi, répondant au tableau de Léonard, Michel-Ange représenta la guerre, non pas comme « la plus féroce des sottises », mais comme une mâle action héroïque, l’accomplissement de l’éternel devoir : la lutte des héros pour la gloire et la grandeur de la patrie.
Les Florentins suivaient avec curiosité les phases de ce duel. Et comme tout ce qui était étranger à la politique leur semblait insipide, tel un plat sans poivre ni sel, ils s’empressèrent de déclarer que Michel-Ange soutenait la République contre les Médicis et Léonard les Médicis contre la République. Le duel artistique, devenu compréhensible pour tous, se ralluma avec une force nouvelle, fut transporté des maisons dans la rue, servant les passions des partis absolument étrangers à l’art. Les œuvres de Léonard et de Michel-Ange devinrent l’étendard de deux camps ennemis.
L’effervescence s’emparait des esprits ; la nuit, des inconnus lançaient des pierres au David. Les citoyens considérables en accusèrent le peuple ; les tribuns du