Lorsque le David fut achevé, la Seigneurie invita les meilleurs peintres et sculpteurs à donner leur avis pour l’emplacement. Léonard se rangea à l’opinion de l’architecte Juliano da San Gallo qui conseillait de placer le Géant sur la place de la Seigneurie dans l’enfoncement de la loggia Orcagni, sous l’arche principale. Lorsque Michel-Ange le sut, il déclara que Léonard par jalousie voulait cacher le David dans le coin le plus sombre et de façon que jamais le soleil ne puisse l’éclairer, ni personne le voir. Cependant un jour, à l’une des réunions qui se tenaient dans l’atelier de Léonard en présence de nombreux artistes, entre autres des frères Pollajuolo, du vieux Sandro Botticelli, de Filippino Lippi, Lorenzo di Credi, élèves du Pérugin, une discussion s’éleva pour savoir lequel des deux arts, la peinture ou la sculpture, était au-dessus de l’autre – sujet favori alors de dispute scolastique.
Léonard écoutait, silencieux. Lorsqu’on le questionna, il répondit :
— Je crois que l’Art est d’autant plus parfait qu’il s’éloigne du métier.
Et avec son sourire équivoque, si bien qu’on ne pouvait deviner s’il parlait sincèrement ou s’il raillait, il ajouta :
— La principale différence entre ces deux arts consiste en ce que la peinture exige une grande énergie cérébrale, et la sculpture une énergie physique. Le sculpteur délivre lentement l’image enfermée dans le marbre, il la taille à grands coups de maillet et de