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Piccinino, commandant les troupes du duc de Lombardie Filippino Maria Visconti.

Une partie du tableau était déjà peinte sur le mur : quatre cavaliers se sont empoignés et se battent pour un étendard ; la hampe est cassée et va voler en éclats ; l’étoffe est déchirée en plusieurs morceaux. Cinq mains ont saisi la hampe et avec ardeur la tirent de côtés différents. Des sabres luisent, levés. À la façon dont les bouches sont ouvertes, on voit qu’un cri surnaturel s’en échappe. Les visages convulsés des hommes ne sont pas moins terribles que les gueules de fauves qui ornent les cimiers. Les chevaux eux-mêmes subissent la contagion de cette rage : dressés sur leurs pieds de derrière, ils ont enchevêtré leurs pieds de devant et, les oreilles rabattues, l’œil féroce, la lèvre retroussée, tels de vrais fauves, ils se mordent. Par terre, dans une boue sanglante, sous les sabots des chevaux, un homme en tue un autre en le tenant par les cheveux et, heurtant sa tête contre le sol, ne s’aperçoit pas dans sa fureur que tous deux seront à l’instant écrasés.

« C’est la guerre dans toute son horreur, de vrais hommes livrés à toutes les passions de la bête déchaînée ; c’est, selon l’expression de Léonard, la pazzia bestialissima qui, dans les endroits plats, ne laisse pas une empreinte de pas qui ne soit pleine de sang. »

En acceptant la commande, Léonard fut forcé de signer un traité avec dédit en cas de retard dans l’exécution.

La Superbe Seigneurie défendait ses intérêts comme