force contre l’air résistant, victorieux pourra le soumettre et s’élever au-dessus de lui.
Léonard lut ces mots pleins d’espoir, écrits cinq ans auparavant dans un de ses vieux cahiers. À côté, il avait dessiné l’appareil : un timon auquel, à l’aide de tiges de fer, étaient assujetties des ailes, mises en mouvement par des cordes.
Cette machine maintenant lui paraissait difforme et disgracieuse.
Le nouvel appareil rappelait la chauve-souris. La carcasse de l’aile était formée de cinq doigts comme la main d’un squelette ; un procédé ingénieux fléchissait les phalanges. Des tendons de cuir tanné et des lacets de soie brute simulaient les muscles et, adaptés à un levier, réunissaient les doigts. L’aile se relevait au moyen d’une bielle. Le taffetas amidonné interceptait l’air, ainsi qu’une palme de patte d’oie s’étendait et se refermait. Quatre ailes, nouées en croix, imitaient l’allure du cheval. Leur longueur était de quarante brasses, leur montée de huit. Se rejetant en arrière elles donnaient la marche en avant ; s’abaissant, elles élevaient la machine. L’homme debout passait ses pieds dans les étriers qui faisaient mouvoir les ailes en agissant sur les leviers. Sa tête dirigeait un grand gouvernail garni de plumes, qui jouait le rôle de la queue d’un oiseau.
« L’oiseau privé de pattes ne peut s’envoler faute d’élan. Vois le martinet : s’il est posé à terre il ne peut