Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/625

Cette page n’a pas encore été corrigée

aussi pour la distraire, un chat blanc de race rare, aux yeux de teintes différentes, le droit jaune comme une topaze, le gauche bleu comme un saphir.

Andrea Salaino apporta des notes et accorda sa viole. Il était accompagné d’un autre musicien, Atalante, que Léonard avait connu à la cour de Sforza et qui jouait particulièrement bien du luth.

Du reste, l’artiste invitait les meilleurs chanteurs, les poètes renommés, les gens d’esprit réputés, les jours de ses séances, afin d’éviter l’ennui d’une longue pose. Il étudiait sur son visage le reflet de ses pensées et des sentiments provoqués par les conversations, les vers et la musique. Par la suite, ces réunions devinrent plus rares. Il savait qu’elles n’étaient plus nécessaires, qu’elle ne s’ennuierait plus.

Tout était prêt et elle ne venait pas.

« Aujourd’hui, songeait l’artiste, la lumière et les ombres sont tout à fait les siennes. Si je l’envoyais chercher ? Mais elle sait combien ardemment je l’attends. Elle doit venir… »

Et Giovanni voyait d’instant en instant croître son impatience.

Tout à coup une légère brise fit vaciller le jet d’eau, les iris frémirent, la biche dressa les oreilles. Léonard écouta. Et bien que Giovanni n’entendît encore rien, à l’expression de son visage il comprit que c’était elle.

D’abord, avec un humble salut, entra la sœur converse Camilla, qui vivait dans sa maison et chaque fois l’accompagnait à l’atelier de l’artiste, ayant l’instinct de se rendre presque invisible, restant à lire dans