Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/624

Cette page n’a pas encore été corrigée

ou par un temps nuageux ou brumeux. C’est le jour parfait. »

Il avait installé une cour semblable dans la maison de son propriétaire, le commissaire de la Seigneurie, ser Piero di Barto Martelli, amateur de mathématique, homme savant qui éprouvait pour Léonard une profonde sympathie.

C’était par un beau jour, calme, doux, un peu brumeux, de la fin de printemps 1505. Le soleil était tamisé par les nuages et ses rayons tombaient en ombres tendres, fondantes, vaporeuses comme la fumée, l’éclairage favori de Léonard, qui assurait qu’il donnait un charme particulier aux visages des femmes.

« Ne viendrait-elle pas ? se disait-il mentalement, en songeant à celle dont il peignait le portrait depuis trois ans, avec une constance qui ne lui était pas coutumière. »

Il préparait l’atelier pour la recevoir. Giovanni Beltraffio l’observait à la dérobée et s’étonnait de l’émoi impatient du maître, si calme d’habitude.

Léonard rangea ses pinceaux, ses palettes, ses pots à couleur ; enleva la couverture du portrait ; ouvrit le jet d’eau installé au milieu de la cour pour la distraire ; autour de cette fontaine poussaient ses fleurs favorites, des iris, que Léonard soignait lui-même. Il prépara également de petits carrés de pain pour la biche apprivoisée qui se promenait en liberté et qu’elle aimait nourrir de sa main ; déplia l’épais tapis posé devant le fauteuil de chêne ciré. Sur ce tapis s’était déjà étendu en ronronnant, apporté d’Asie et acheté