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les croisées ouvertes s’échappaient des jurons de femmes et une insupportable odeur de friture. Sur une corde séchaient des linges équivoques. Un vieux mendiant au visage ravagé par la fièvre, assis sur une pierre, enveloppait dans des chiffons son pied ulcéré et enflé.

À l’intérieur de l’arc de triomphe se trouvaient deux bas-reliefs : l’un représentant Titus Vespasien conduisant un quadrige ; l’autre, les prisonniers israélites portant des pains et le chandelier à sept branches du temple de Salomon ; en haut, dans la voûte, un grand aigle élevant sur ses ailes le César divinisé. Au fronton, Nicolas lut l’inscription restée intacte : Senatus populusque Romanus divo Tito divi Vespasiani filio Vespasiano Augusto.

Le soleil pénétrant sous l’arc du côté du Capitole illumina le triomphe de l’empereur de ses derniers rayons pourpres.

Et le cœur de Nicolas se serra douloureusement lorsque, jetant un dernier regard sur le Forum, il vit le reflet rose sur les trois colonnes solitaires de l’église Marie Libératrice. Le ton morne chevrotant des cloches sonnant l’Ave Maria semblait le glas plaintif du Forum romain.

Ils entrèrent dans le Colisée.

— Oui, dit Nicolas en contemplant les titanesques murs de pierre de l’amphithéâtre, ceux qui savaient construire de pareils monuments ne sont pas nos pairs. Seulement ici, à Rome, on sent la différence qui existe entre les Antiques et nous. Nous ne pouvons