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plus majestueux que la pourpre et l’or qui jadis ornaient les demeures impériales, s’étalaient la pourpre et l’or des feuilles d’automne.

Non loin des jardins de Capranica, Léonard, agenouillé, écartait des herbes et examinait attentivement un éclat de marbre orné d’une fine sculpture. Des buissons bordant l’étroit sentier, un homme sortit. Léonard le regarda, se leva, le regarda à nouveau et s’écria :

— Est-ce bien vous, messer Nicolo ?

Et sans attendre sa réponse il l’embrassa comme un parent.

Les vêtements du secrétaire de Florence semblaient plus vieux et plus râpés encore qu’en Romagne ; il était évident que les seigneurs de la République continuaient à ne le point gâter. Il avait maigri ; ses joues rasées s’étaient ravalées ; le cou s’était allongé, le nez avançait plus pointu encore, et les yeux brillaient de plus en plus fiévreux.

Léonard lui demanda s’il resterait encore longtemps à Rome et quelle mission l’y avait conduit. Lorsque l’artiste parla de César, Nicolas se détourna, puis évitant son regard et haussant les épaules, il répondit froidement avec une indifférence feinte :

— De par la volonté de la destinée, j’ai été dans ma vie témoin de tant d’événements que depuis longtemps je ne m’étonne plus de rien…

Et, visiblement, désirant changer de conversation, il questionna Léonard sur ses travaux.

Apprenant que l’artiste avait accepté d’entrer au