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— Vous supposez, dit l’artiste, que messer Nicolo s’égare et changera d’opinion ?

— Pas le moins du monde. Je suis de son avis. Il faut faire ce qu’il dit, mais ne pas le dire. Cependant, s’il publie son ouvrage, il sera seul à en souffrir. Les poules et les agneaux seront aussi confiants qu’ils l’ont été jusqu’à présent dans les lois des gouvernants, renards et loups, qui accuseront, eux, Nicolas de ruse et de fourberie. Et tout restera invariable… au moins durant notre siècle, et pour le mieux dans le meilleur des mondes.


X

L’automne de 1503, l’inamovible gonfalonier de la République florentine, Piero Soderini, demanda à Léonard d’entrer à son service, ayant l’intention de l’envoyer en qualité d’ingénieur militaire au camp de Pise pour y construire le matériel de défense.

L’artiste passait à Rome ses derniers jours.

Un soir il monta sur la colline Palatine. Là où jadis s’élevaient les palais d’Auguste, de Caligula, de Septime Sévère, le vent régnait parmi les ruines, et dans les champs d’oliviers on entendait seulement les bêlements des agneaux et le chant des grillons. Les arcatures et les voûtes des ponts de brique, éclairés par le soleil, semblaient de feu sous le ciel bleu. Et