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on disait ouvertement que le pape avait été empoisonné.

D’heure en heure, le pape perdait des forces. Le 16 août, on décida en dernier ressort d’essayer le remède de pierres précieuses pilées. Le malade s’en trouva plus mal. Une nuit, sortant de son assoupissement, il fouilla sous la chemise sur sa poitrine. Depuis de longues années, Alexandre VI portait sur soi un médaillon d’or contenant des parcelles du sang et du corps du Christ. Les astrologues lui avaient prédit qu’il ne mourrait pas tant qu’il porterait ce médaillon. L’avait-il perdu lui-même ou quelqu’un de ses familiers, désirant sa mort, le lui avait-il volé ? On ne le sut jamais.

Apprenant qu’on ne retrouvait pas cette précieuse relique, il ferma les yeux avec résignation et dit :

— C’est fini. Cela veut dire que je mourrai.

Le 17 août, sentant sa faiblesse augmenter encore, il ordonna qu’on le laissât seul avec son médecin favori, l’évêque de Vanosa, et lui rappela le remède imaginé par un Israélite, médecin d’Innocent VIII – la transfusion du sang de trois enfants, dans les veines du pape moribond.

— Votre Sainteté, répondit l’évêque, sait quel a été le résultat de l’expérience ?

— Oui… oui… Mais elle n’a pas réussi peut-être parce que les enfants avaient de sept à huit ans, tandis qu’il faut des enfants à la mamelle…

L’évêque ne répondit pas. Le regard du malade s’éteignait. Il délirait déjà :

— Oui, oui… les plus petits… très blancs… Leur