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ressemblant au César-Pape prédit par lui, unificateur des deux mondes – terrestre et céleste.

Ce même jour, le soir, dans ses appartements du Vatican, César Borgia offrait à Sa Sainteté et aux cardinaux un festin auquel étaient conviées cinquante des plus belles « nobles courtisanes » romaines, meretrices honestæ nuncupatæ.

Ainsi fut fêtée au Vatican cette journée mémorable pour l’Église romaine, illustrée par deux grands événements : la division du globe terrestre et l’institution de la censure ecclésiastique.

Léonard assista à ce souper et rien n’échappa à son regard. Rentré chez lui, il écrivit dans son journal :

« Sénèque dit avec raison que tout homme porte en soi un dieu et un animal liés ensemble. »

Et plus loin, à côté d’un dessin anatomique :

« Il me semble que les gens à âme basse, à passions méprisables, ne sont pas dignes d’une aussi belle structure du corps que les gens de grande raison et de profonde observation : il suffirait aux premiers d’un sac avec deux ouvertures, l’une pour recevoir, l’autre pour rejeter la nourriture, car en vérité ils ne sont pas autre chose que les couloirs de la nourriture, les remplisseurs de fosses à ordures. Ils ne ressemblent aux hommes que par le visage et la voix – pour le reste, ils sont au-dessous des brutes. »

Le matin, Giovanni trouva son maître à l’atelier, travaillant à son tableau de saint Jérôme.