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VI

Les sphères, les cartes, les compas étaient déjà préparés pour la démarcation du grand méridien qui devait passer à trois cent soixante-dix milles portugais au sud des îles Açores et du Cap-Vert. Cet endroit avait été spécialement choisi parce que Colomb avait affirmé que là se trouvait « le nombril de la Terre », une excroissance en forme de poire pareille à un mamelon de femme, une montagne atteignant la sphère lunaire et dont il avait constaté la présence par la déclinaison de l’aiguille aimantée, lors de son premier voyage.

Le pape récita une prière, bénit la sphère terrestre avec cette même croix dans laquelle était incrustée l’émeraude à la Vénus Callipyge, et, trempant un fin pinceau dans de l’encre rouge, traça sur l’océan Atlantique, du pôle Nord au pôle Sud, la grande ligne pacificatrice. Toutes les îles et toutes les terres découvertes et à découvrir à l’est de cette ligne appartenaient à l’Espagne ; à l’ouest, au Portugal. Ainsi, d’un seul geste de sa main, il avait divisé le globe de la Terre comme une pomme.

À ce moment, Alexandre VI parut à Giovanni solennel et magnifique, plein de la conscience de sa puissance,