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V

Le cubiculaire secret s’approcha du pape et lui murmura quelques mots à l’oreille. Borgia, le visage préoccupé, passa dans la pièce voisine, puis, par une porte cachée par d’épaisses tentures, dans un couloir étroit éclairé par une lanterne et où l’attendait le cuisinier du cardinal Monreale. Alexandre VI avait appris que la quantité de poison n’était pas suffisante et que le malade revenait à la santé.

Interrogeant minutieusement le cuisinier, le pape acquit la certitude qu’en dépit du mieux constaté, Monreale mourrait dans deux ou trois mois. C’était encore plus avantageux puisque cela éloignait les soupçons.

« Cela ne fait rien, songea-t-il, je regrette le vieux. Il était gai, aimable et bon catholique. »

Le pape eut un soupir contrit, baissa la tête et avança ses lèvres épaisses. Il ne mentait pas : réellement il plaignait le cardinal, et s’il avait pu s’emparer de son argent sans attenter à sa vie, il eût été heureux.

Revenant dans la salle de réception, il vit, dans la salle des Arts libres, le couvert mis et sentit la faim.

La séance du méridien fut remise à l’après-midi. Sa Sainteté invita ses hôtes à déjeuner.

La table était ornée de lis blancs dans des urnes de