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Les Borgia descendaient des Maures de Castille, et réellement, à en juger d’après le teint bronzé, les lèvres épaisses et le regard de feu d’Alexandre VI, du sang africain coulait dans ses veines.

« On ne peut mieux se figurer, pensait Giovanni, une plus belle auréole pour lui que ces fresques de Pinturicchio, représentant la gloire de l’antique Apis égyptien, le Taureau né du soleil. »

Le vieux Borgia, en effet, en dépit de ses soixante-dix ans, plein de santé et de force, semblait le descendant de son fauve héraldique, le Taureau pourpre, dieu du soleil, de la gaieté, de la volupté et de la fécondité.

Alexandre VI entra dans la salle, en causant avec l’Israélite maître orfèvre Salomone da Sessa, celui-là même qui avait ciselé le triomphe de Jules César sur le glaive du duc de Valentino. Il avait gagné les faveurs de Sa Sainteté en gravant, sur une grande émeraude plate, la Vénus Callipyge : elle plut tellement au pape que celui-ci ordonna de monter la pierre dans la croix avec laquelle il bénissait le peuple pendant les messes solennelles de Saint-Pierre ; de cette façon il put, en baisant le crucifix, embrasser en même temps la superbe déesse.

Il n’était pourtant pas impie. Non seulement il remplissait toutes les cérémonies extérieures du culte, mais au fond de son cœur il était dévot. Il adorait particulièrement la Vierge et la considérait comme sa défenderesse auprès de Dieu.

La lampe qu’il commandait en cet instant à Solomone