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Son compagnon, originaire de Salzbourg, Hans Plater, lui servait de secrétaire, de bouffon et d’écuyer. En chemin ils parlèrent des affaires de l’Église.

Calmement, avec une clarté scientifique, Schweinitz prouvait le non-sens du dogme de l’infaillibilité papale, assurant que, dans vingt ans tout au plus, toute la Germanie se soulèverait pour secouer le joug de l’Église romaine.

« Celui-là ne mourra pas pour la Foi, pensait Giovanni, en regardant le visage plein du moine, il n’ira pas dans le feu comme Savonarole ; mais qui sait ? il est peut-être plus dangereux pour l’Église. »

Un soir, peu après son arrivée à Rome, Giovanni rencontra sur la place de San Pietro le clerc Hans Plater. Ce dernier l’emmena dans l’impasse Sinibaldi, où se trouvaient quantité d’hôtelleries pour les étrangers, et particulièrement une taverne, le Hérisson d’argent, tenue par le Tchèque hussite Ian le Boiteux, qui accueillait et régalait de ses meilleurs vins ses partisans, les secrets ennemis du pape, les libres-penseurs, tous les jours plus nombreux, qui aspiraient au renversement de l’Église.

Derrière la première salle il y en avait une seconde où ne pénétraient que les élus. Là se trouvait réunie toute une société. Thomas Schweinitz présidait le haut bout de la table, le dos appuyé contre une barrique, ses grosses mains croisées sur son gros ventre. Son visage bouffi à double menton était impassible, ses petits yeux troubles se fermaient, il avait dû faire honneur à la cave de Ian. De temps à autre, il élevait