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haut béret ducal surmonté de la colombe du Saint-Esprit, en perles fines.

Il s’approcha du pape, ôta son béret, s’agenouilla et baisa la croix de rubis qui ornait la pantoufle du Saint-Père.

Le cardinal Monreale tendit à Sa Sainteté la Rose d’or, merveille de joaillerie, portant dans son cœur un petit calice laissant goutter le saint chrême, qui répandait un parfum de rose.

Le pape se leva et dit d’une voix émue :

— Reçois, mon enfant bien-aimé, cette Rose, qui symbolise la joie des deux Jérusalem, terrestre et céleste, l’Église combattante et triomphante, la béatitude des justes, la beauté des couronnes inflétries, afin que tes vertus fleurissent dans le Christ ainsi que cette Rose. Amen.

César prit des mains de son père la Rose mystérieuse.

Le pape ne put se contenir ; selon l’expression d’un témoin : « La chair cria en lui. » Interrompant l’ordre de la cérémonie d’investiture, à la grande indignation de Burghardt, il se pencha, tendit ses mains tremblantes vers son fils ; son visage se fripa, son gros corps se tassa. Avançant ses lèvres épaisses, il balbutia :

— Mon enfant !… César !… César !

Le duc dut remettre la Rose au cardinal de San Clemente.

Le pape embrassa frénétiquement son fils, pleurant et riant à la fois.