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sur la cour du Belvédère, s’assembla la Curie romaine et les ambassadeurs.

Coiffé de la triple tiare, scintillant de pierres précieuses dans son pluvial, éventé par les porteurs d’écran, lourd mais ferme, le pape Alexandre VI, septuagénaire au visage imposant et bienveillant en même temps, gravit les marches du trône.

Les hérauts sonnèrent de la trompe, et sur un signe du maître des cérémonies, l’Allemand Johann Burghardt, pénétrèrent dans la salle les gardes du corps, les pages, les coureurs et le chef de camp du duc, messer Bartolomeo Capranica, qui tenait le glaive du porte-drapeau de l’Église romaine.

Le tiers du glaive était doré et portait de fines ciselures : la déesse de la Fidélité sur son trône, avec cette inscription : « La Fidélité est plus forte que l’arme » ; Jules César sur son char triomphal, avec la légende : « Ou César – ou rien » ; le passage du Rubicon avec ces mots : « Le sort en est jeté » ; et enfin le sacrifice au bœuf Apis offert par de jeunes prêtresses nues, brûlant l’encens auprès de la victime humaine ; sur l’autel cette inscription : Deo Optimo Maximo Hostia, et au-dessous : In nomine Cæsaris omen. La victime humaine offerte au dieu animal prenait une signification terrible quand on songeait que ces ciselures et ces inscriptions avaient été commandées au moment où César projetait le meurtre de son frère Giovanni Borgia pour hériter de lui du glaive de capitaine porte-drapeau de l’Église romaine.

Derrière le chef de camp venait le héros, coiffé du