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première fois, j’ai vu chez César cet état d’esprit – le sceau des élus !

— Oui. Je vous comprends maintenant, Nicolas, murmura Léonard profondément pensif. Seulement, il me semble que ce n’est pas celui qui, à l’instar de César, ose tout parce qu’il ne sait rien et n’aime rien qui est libre, mais celui qui ose tout parce qu’il sait tout et aime tout. Par cette liberté seule, les hommes vaincront le mal et le bien, la terre et le ciel, tous les obstacles et tous les fardeaux, et ils deviendront semblables à des dieux et s’envoleront…

— Voleront ? s’écria Machiavel, étonné.

— Lorsqu’ils posséderont la science parfaite, expliqua Léonard, ils créeront les ailes, une machine qui leur permettra de voler. J’ai beaucoup pensé à cela. Peut-être n’en résultera-t-il rien – qu’importe, si ce n’est par moi, ce sera par un autre, mais les ailes seront.

— Mes compliments ! rit Nicolas. Nous voilà arrivés aux hommes ailés. Il sera joli le roi, demi-dieu, demi-bête, avec des ailes d’oiseau. Une vraie Chimère !

Mais, entendant sonner l’heure à la tour voisine, il se leva, pressé. Il devait se rendre au palais pour tâcher d’apprendre la décision prise au sujet du supplice des conspirateurs alliés.