Oliverotto se joignit au cortège, et tous ensemble, discutant amicalement de questions militaires, se dirigèrent vers le palais qui faisait face à la citadelle.
Dans le vestibule, les alliés voulurent prendre congé, mais le duc, toujours avec son amabilité séduisante, les retint et les invita à pénétrer avec lui.
À peine eurent-ils franchi le seuil de la salle que la porte se referma, huit hommes armés se précipitèrent sur les quatre conjurés, les désarmèrent et les ligotèrent. La consternation des malheureux fut telle qu’ils n’opposèrent même pas de résistance.
Le bruit courait que le duc avait l’intention de se débarrasser de ses ennemis la nuit même, en les faisant égorger dans les oubliettes du château.
— Ô messer Leonardo, conclut Machiavel, si vous aviez vu comme il les embrassait ! Un regard, un geste pouvaient le trahir. Mais il avait sur son visage et dans sa voix une telle sincérité que, croirez-vous ? jusqu’à la dernière minute je ne soupçonnai rien, j’aurais donné ma main à couper que ce n’était pas une feinte. Je considère que de toutes les trahisons qui se sont accomplies depuis que la politique existe, celle-là est la plus belle !
Léonard sourit.
— Certes, dit-il, on ne peut refuser au duc la bravoure et la ruse, mais j’avoue tout de même, Nicolas, je suis si peu versé dans la politique, que je ne comprends pas ce qui spécialement provoque votre admiration dans ce guet-apens ?