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indifférent. La raison de mon entreprise, vous désirez la savoir ? Mais ne fût-ce que pour prouver à la Seigneurie que je suis bon à autre chose qu’à jouer au bouffon. Et puis, il faut bien se distraire. La vie humaine est ainsi faite que si l’on ne s’amuse à quelques bêtises, on crève d’ennui. Je suis las de causer, de jouer aux osselets, de traîner dans des maisons louches et d’écrire des rapports inutiles aux lainiers de Florence ! Alors, voilà, j’ai imaginé cette affaire-là. L’occasion est belle, mon plan est prêt avec des ruses superbes !

Il parlait vite, comme s’il se disculpait. Mais Léonard avait déjà compris que Nicolas avait honte de sa bonté, que selon son habitude il cachait sous un masque cynique.

— Messer, interrompit l’artiste, je vous prie, comptez sur moi comme sur vous-même dans cette affaire, mais à une condition : en cas de non-réussite, je répondrai au même titre que vous.

Nicolas, visiblement ému, lui serra la main et de suite lui expliqua son plan.

Léonard ne répliqua pas, quoique doutant au fond que ce plan si fin, si rusé, pût être aussi facilement réalisable qu’en paroles.

Ils décidèrent que la délivrance de Marie aurait lieu le 30 décembre, jour du départ du duc de Fano.

Deux jours avant, tard le soir, un des geôliers complices vint les prévenir qu’ils étaient menacés d’une dénonciation. Nicolas était absent. Léonard courut la ville à sa recherche. Il trouva enfin le secrétaire de