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Non ? Alors, écoute. Un jour, se fondant précisément sur ce livre de science militaire, Nicolas expliquait à mon chef de camp Bartolomeo Capranica, et à d’autres officiers, les règles de la disposition d’une armée en ordre de bataille d’après la célèbre phalange, avec une éloquence telle que ses auditeurs voulurent l’expérimenter. On fit sortir les troupes devant le camp et on en donna le commandement à Nicolas. Durant trois heures, sous la pluie, le vent et le froid, il se débattit avec deux mille soldats, mais ne put réaliser son rêve. Enfin Bartolomeo, perdant patience, prit le front des troupes, et quoiqu’il n’eût jamais lu aucun livre de science militaire, en un clin d’œil, au son du tambourin, les disposa de merveilleuse façon, prouvant l’énorme différence qui existe entre la théorie et la pratique. Ne raconte pas cela à Nicolas, mon cher Léonard – il n’aime pas se souvenir de la phalange !

Il était tard, tout près de trois heures du matin.

On servit au duc un léger souper, une truite, un plat de légumes et du vin blanc. Véritable Espagnol, il se distinguait par la frugalité.

L’artiste prit congé. César une fois encore le remercia pour ses cartes et donna ordre à trois pages d’accompagner Léonard avec des torches, en signe d’honneur.

Léonard raconta son audience à Machiavel.

En apprenant que l’artiste avait, pour le compte de César, relevé les plans des environs de Florence, Nicolas se leva terrifié.

— Comment ? vous, un citoyen de la République, pour le pire ennemi de votre patrie !