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vol d’oiseau. La mer était peinte en bleu, les montagnes en brun, les rivières en bleu pâle, les villes en rouge foncé, les champs en vert ; et avec une infinie perfection tous les détails étaient notés – les places, les rues, les tours, de telle façon qu’on les reconnaissait sans même lire les remarques écrites en marge. Il semblait qu’on planait au-dessus de la terre et qu’on découvrait l’infini. Avec une particulière attention César examinait la carte qui représentait la région sise entre le lac de Bolsena, Arezzo, Perugio et Sienne. C’était le cœur de l’Italie, la patrie de Léonard, Florence, que le duc rêvait de conquérir. Plongé dans la méditation, César se délectait à cette sensation de vol d’oiseau. Il n’aurait pu exprimer avec des mots la sensation qu’il éprouvait, mais il lui semblait que lui et Léonard se comprenaient, qu’ils étaient pour ainsi dire des collaborateurs. Il devinait vaguement quelle puissance nouvelle la science pouvait avoir sur le monde, et il voulait pour lui cette puissance, ces ailes de vol triomphal.

Il leva les yeux sur l’artiste et lui serra la main avec son plus charmeur sourire.

— Je te remercie, mon cher Léonard. Sers-moi toujours comme tu l’as fait jusqu’à présent et je saurai te récompenser.

Puis il ajouta avec sollicitude :

— Es-tu bien ici ? Es-tu satisfait de tes appointements ? Peut-être désires-tu quelque chose ? Tu sais que je serai toujours heureux d’exaucer toutes tes prières.