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fauteuil. Il avait convoqué l’artiste pour lui demander des conseils au sujet des plans de Bramante pour le nouveau monastère d’Imola, « la Valentine », comme on l’appelait, avec une riche chapelle, un hôpital et une maison de retraite. Le duc désirait faire, de ses œuvres de bienfaisance, un monument commémoratif de sa charité chrétienne.

Après les plans de Bramante, il montra à Léonard les nouveaux caractères d’imprimerie de Girolamo Soncino de Fano, que César protégeait, car il désirait voir fleurir les arts et les sciences en Romagne.

Agapito présenta à son maître les hymnes louangeux du poète de cour Francesco Uberti. Son Altesse les accepta avec bienveillance et donna l’ordre de récompenser généreusement l’auteur.

Puis, comme il exigeait qu’on lui présentât non seulement les éloges, mais aussi les satires, le secrétaire lui remit l’épigramme du poète napolitain Mancioni, saisi à Rome et enfermé dans la prison des Saints-Anges, un sonnet plein d’injures grossières dans lequel César était qualifié de castrat, de fils de fornicatrice, de cardinal défroqué, d’inceste, de fratricide et de sacrilège.

« Qu’attends-tu, ô Dieu trop clément ? disait le poète, ne vois-tu pas qu’il a transformé l’Église en étable à mulets et en maison de tolérance ? »

— Qu’ordonne de faire Son Altesse ? demanda Agapito.

— Laisse-le tranquille jusqu’à mon retour. Je réglerai ce compte moi-même.