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tendue de tapis de soie sur lesquels était brodée une chasse à la licorne, avec un plafond moulé représentant les amours de Pasiphaé et du Taureau. Ce taureau, pourpre ou doré, bête héraldique de la maison Borgia, se répétait dans tous les décors de la chambre et alternait avec la tiare du pape et les clés de saint Pierre. Il faisait très chaud. Dans la cheminée de marbre flambait un tronc de genévrier, dans les lampes suspendues brûlait une huile parfumée : César adorait les parfums. Selon son habitude, il était étendu habillé sur un lit de repos très bas, placé au milieu de la pièce. Deux positions seulement lui étaient naturelles : à cheval ou couché. Immobile, impassible, accoudé sur les coussins, il suivait la partie d’échecs engagée entre deux de ses favoris et écoutait le rapport de son secrétaire ; César possédait la faculté de diviser son attention sur plusieurs sujets. Plongé dans la méditation, d’un mouvement lent et égal il roulait d’une main dans l’autre une petite boule d’or remplie d’aromates et qui, pas plus que son poignard, ne le quittait jamais.


IX

Il reçut Léonard avec la politesse charmeuse qui lui était coutumière, ne lui permit pas de s’agenouiller, lui serra amicalement la main et l’installa dans un