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et deux caisses de confiserie. En voyant toute l’attention qu’avait César pour Léonard, Nicolas pria ce dernier de lui obtenir une audience.

À onze heures du soir, heure habituelle des audiences de César, ils se rendirent au palais.

Le genre de vie du duc était vraiment étrange. Lorsque les ambassadeurs de Ferrare se plaignirent au pape de ne pouvoir être reçus par César, Sa Sainteté leur répondit qu’il était lui-même fort mécontent de la conduite de son fils, qui transformait le jour en nuit et durant deux et trois mois remettait les réceptions importantes.

En effet, été comme hiver, il se couchait à quatre ou cinq heures du matin ; à trois heures de l’après-midi pour lui venait l’aurore, à quatre le lever du soleil ; à cinq il se levait, s’habillait et dînait, parfois étendu sur son lit ; durant le dîner et après, il réglait les affaires d’État. Toute son existence était entourée de mystère, non seulement par dissimulation naturelle, mais encore par calcul. Il sortait rarement du palais et presque toujours masqué. Il ne se montrait au peuple que les jours de grande fête, à l’armée qu’au moment du combat ou à la menace d’un danger. Aussi chacune de ses apparitions était-elle foudroyante comme celles d’un demi-dieu. Il aimait et savait étonner. Sa générosité était légendaire. L’or, qui coulait constamment dans la caisse de Saint-Pierre, ne suffisait pas à l’entretien du principal capitaine de l’Église. Les ambassadeurs assuraient à leurs souverains qu’il ne dépensait pas moins de dix-huit