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jeunes hommes fort beaux, armés de hallebardes de trois coudées, coiffés de casques de fer, enserrés dans une cuirasse, vêtus de deux couleurs – jaune et rouge. Machiavel ne se lassait pas d’admirer la tenue vraiment romaine de cette armée formée par César. Derrière la garde marchaient les pages et les écuyers en pourpoints de drap d’or et mantelets de velours pourpre brodé de feuilles de fougère ; les ceintures et les gaines des épées étaient en peau de serpent avec des boucles qui représentaient sept têtes de vipères dressant leurs dards vers le ciel : le blason de Borgia. Sur la poitrine une bande de soie noire portait en lettres d’argent le nom de Cæsar. Ensuite venaient les gardes du corps du duc, les stradiotes albanais, coiffés du turban vert et armés de yatagans. Le maître de camp, Bartolomeo Capranica, portait, tenu haut, le glaive du porte-drapeau de l’Église romaine. Le suivant immédiatement, monté sur un poulain noir barbaresque au frontail orné d’un soleil en diamants, venait le maître de la Romagne, César Borgia, duc de Valentino, en manteau de soie bleu pâle, brodé de fleurs de lys en perles fines, le corps enserré dans une armure de bronze poli, la tête coiffée d’un casque représentant un dragon dont les plumes et les ailes de fines mailles produisaient au moindre mouvement un bruit métallique.

Le visage de Valentino – il avait vingt-six ans – avait maigri depuis que Léonard l’avait vu à la cour de Louis XII à Milan. Les traits s’étaient durcis. Les yeux noir-bleu à reflets d’acier étaient plus fermes et impénétrables. Les cheveux blonds encore épais et la