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duc de Valentino – que le Seigneur lui donne la santé !

— Dans le temps, les jugements traînaient des années, aujourd’hui ils sont rendus on ne peut plus vite.

— Il défend l’orphelin et console les veuves, ajouta le moine.

— Il plaint le peuple, voilà la vérité.

— Oh ! Seigneur, Seigneur ! pleurait d’attendrissement une petite vieille. Notre père, bienfaiteur, nourricier, que la Sainte Vierge te protège, notre beau soleil rayonnant !

— Vous entendez, murmura Machiavel à l’oreille de Léonard. La voix du peuple, voix de Dieu. J’ai toujours dit : il faut être dans la plaine pour voir les montagnes, il faut être avec le peuple pour connaître le roi. C’est ici que j’aimerais amener ceux qui considèrent le duc comme un monstre.

Une musique guerrière retentit. La foule s’agita.

— Lui… Lui… Le voilà… Regardez…

On se dressait sur la pointe des pieds, on allongeait les cous. Des têtes curieuses se montraient aux fenêtres. Les jeunes filles et les femmes, les yeux pleins d’amour, sortaient des loggias pour voir leur héros, « le blond et beau César », Cesare biondo e bello. C’était un rare bonheur, car le duc se montrait rarement au peuple.

En tête marchaient les musiciens avec un bruit assourdissant de timbales rythmant les pas lourds des soldats. Derrière eux, la garde romagnole du duc, tous