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IV

Le lendemain matin la tempête se calma. Le soleil jouait dans les petites vitres gelées de l’auberge, les transformant en pâles émeraudes. Les champs et les collines brillaient, douces comme du duvet, aveuglantes de blancheur sous le ciel bleu.

Quand Léonard s’éveilla, son compagnon n’était plus dans la chambre. L’artiste descendit à la cuisine. Dans l’âtre flambait un grand feu et sur la nouvelle broche tournait un quartier de viande.

Léonard ordonna au guide de seller les mules et s’assit à table.

À côté, messer Nicolo, avec une extraordinaire agitation, causait avec deux nouveaux voyageurs. L’un était un courrier de Florence ; l’autre, un jeune homme de la meilleure prestance, messer Luccio, le neveu du gonfalonier Piero Soderini. Il était lié d’amitié avec Machiavel, et se rendant pour affaire de famille à Ancône s’était chargé de trouver Nicolas en Romagne et de lui remettre les lettres des amis.

— Vous avez tort de vous tourmenter, messer Nicolo, disait Luccio, mon oncle Francesco m’a assuré que l’argent vous sera vite envoyé. Jeudi dernier déjà la Seigneurie avait promis…

— J’ai, messer, interrompit coléreusement Machiavel,