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da Vinci : « Va chez lui si tu veux perdre ton âme : c’est un hérétique et un athée. »

Léonard, avec un sourire, lui indiquait un amandier, qui, petit, faible, solitaire, poussait sur le sommet de la colline, et encore presque nu et frileux, s’était, de confiance, vêtu de son habit de fête blanc rosé, et scintillait, traversé par les rayons du soleil sur le fond bleu du ciel.

Mais Beltraffio ne pouvait admirer. Son cœur se débattait sous une étreinte lourde et vague.

Alors Léonard, comme s’il avait deviné sa peine, glissa vers lui un regard plein de bonté et murmura ces paroles que Giovanni souvent se rappela :

— Si tu veux être un artiste, repousse tout souci et toute peine étrangers à ton art. Que ton âme soit semblable au miroir qui reflète tous les objets, tous les mouvements, toutes les couleurs, en restant toujours, elle, immobile, rayonnante et pure.

Ils franchirent les portes de Florence.


IX

Beltraffio se rendit à la cathédrale, où ce matin même devait prêcher le frère Savonarole.

Les derniers sons de l’orgue se mouraient sous les voûtes sonores de Santa Maria del Fiore. La foule emplissait l’église. Des enfants, des femmes, des hommes étaient