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de Savonarole. Deux ans auparavant, suivant l’exemple de beaucoup de ses compagnes, monna Lena s’était transformée en Madeleine repentie et s’était même fait admettre novice dans un couvent – ce qui lui permit ensuite d’augmenter ses prix dans le célèbre Tarif des courtisanes ou Réflexions pour un étranger de haut rang.

De la robe sombre de la nonne s’échappa une éblouissante libellule. Lena Griffa prospéra vite. Selon la coutume des courtisanes de haute volée, elle se composa un pompeux arbre généalogique par lequel elle prouvait, ni plus ni moins, qu’elle était la fille naturelle du frère du duc de Milan, le cardinal Ascanio Sforza. En même temps, elle devenait la maîtresse d’un vieillard gâteux, incalculablement riche, et cardinal. C’est auprès de lui qu’elle se rendait à Fano, où le monsignor l’attendait à la cour de César Borgia.

L’aubergiste était perplexe : il n’osait refuser le logement à une personne aussi renommée que « Son Excellence Sérénissime », et pourtant il ne possédait pas de chambres disponibles. Enfin, il put s’entendre avec des marchands d’Ancône qui, pour une réduction, consentirent à céder une pièce assez grande pour la suite de la courtisane. Pour la courtisane elle-même, il exigea la chambre de messer Nicolo et de ses compagnons les chevaliers français, leur proposant de coucher avec les marchands dans la forge.

Nicolas se fâcha, demandant à l’hôtelier s’il possédait encore son bon sens, s’il comprenait à qui il avait