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devinait une grande force – était délicate, les doigts fins et longs comme ceux d’une femme.

Ils approchaient des murs de la ville. À travers la brume matinale, on apercevait la coupole de la cathédrale et le Palazzo Vecchio.

« Maintenant ou jamais ! songeait Beltraffio. Il faut se décider et lui dire que je veux devenir son élève. »

À ce moment, Léonard, arrêtant son cheval, observait le vol d’un jeune gerfaut qui, guettant une proie, – canard ou héron dans le cours caillouteux du Munione –, tournait dans les airs lentement, également. Puis il tomba rapidement comme une pierre, en poussant un cri, et disparut derrière les cimes des arbres. Léonard le suivit des yeux, sans laisser échapper un mouvement des ailes, ouvrit le livre attaché à sa ceinture et y inscrivit – probablement – ses observations.

Beltraffio remarqua qu’il tenait son crayon non dans la main droite, mais dans la gauche. Il pensa : « gaucher » et se souvint des récits que l’on colportait sur Léonard, insinuant qu’il écrivait ses livres à l’aide d’une écriture retournée que l’on ne pouvait lire que dans un miroir, non de gauche à droite comme tout le monde, mais de droite à gauche comme les Orientaux. On disait qu’il le faisait afin de cacher ses pensées coupables et hérétiques sur Dieu et la nature.

« Maintenant ou jamais ! » se répéta Giovanni.

Et tout à coup, il se rappela les paroles d’Antonio