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et s’installa seul, chez lui. Alors déjà on parlait de ses « opinions hérétiques » et de son « impiété ». Le séjour à Florence devenait pour Léonard de plus en plus pénible. Ser Piero procura à son fils une commande avantageuse de Lorenzo Medicis. Mais Léonard ne sut pas lui plaire. De ceux qui l’approchaient, Lorenzo exigeait avant tout une adoration de cour. Il n’aimait pas les gens hardis, originaux et libres. L’ennui de l’inaction s’empara de Léonard. Il entra même en pourparlers secrets, par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Égypte, Caït Bey, avec le diodorio de Syrie, afin d’entrer à son service au titre de principal constructeur, quoique sachant que pour cela il devait se convertir au mahométisme.

Pour fuir Florence, peu lui importait le pays où il devrait vivre. Il sentait qu’en ne la quittant pas, il serait perdu. Le hasard le sauva. Il inventa un luth multicorde en argent qui avait la forme d’une tête de cheval. Le son et l’aspect de cet instrument plurent à Lorenzo le Magnifique. Il proposa à l’inventeur de se rendre à Milan pour en faire don au duc de Lombardie, Ludovic le More.

En 1482, âgé de trente ans. Léonard quitta Florence et se rendit à Milan, non en qualité d’artiste peintre et de savant, mais seulement comme « musicien de cour », sonatore di lira. Avant son départ, il écrivait au duc Sforza :

« Ayant, très illustre seigneur, vu et étudié les expériences de tous ceux qui se donnent pour maîtres dans l’art d’inventer des instruments de guerre, et ayant