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VIII

Ils rentraient à Florence.

Léonard, à cheval, allait au pas. Beltraffio marchait à côté de lui. Ils étaient seuls.

Entre les racines noires et tortueuses des oliviers se détachait l’herbe verte, semée d’iris bleus immobiles sur leurs tiges.

Le silence était profond comme il ne l’est qu’au début du printemps.

« Vraiment, est-ce lui ? » pensait Giovanni, observant et trouvant intéressant le moindre détail dans son compagnon.

Il avait sûrement quarante ans sonnés. Lorsqu’il se taisait et pensait, les yeux, petits, aigus, bleu pâle sous des sourcils roux, paraissaient froids et perçants. Mais dans la conversation ils prenaient une expression d’infinie bonté.

La barbe blonde et longue, les cheveux blonds également, épais et bouclés, lui donnaient un air majestueux.

Le visage avait une finesse presque féminine, et la voix, en dépit de la stature et de la corpulence, était étrangement haute, très agréable, mais ne semblant pas appartenir à un homme. La main très belle – à la façon dont il conduisait son cheval, Giovanni y