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En réalité, il n’y avait entre eux ni rivalité ni animosité. Ils se complétaient l’un l’autre. L’élève possédait la légèreté que la nature avait refusée à Verrocchio : le maître, l’obstination concentrée qui manquait à l’instable Léonard. Sans envie, sans concurrence, souvent ils ne savaient pas eux-mêmes lequel des deux empruntait à l’autre.

À cette époque, Verrocchio coulait dans le bronze sa statue Le Christ et saint Thomas, pour l’église Or San Michele.

En opposition aux visions de fra Beato Angelico et des rêves féeriques de Sandra Botticelli, apparut pour la première fois aux yeux des hommes, dans le personnage de Thomas plongeant ses doigts dans les plaies du Seigneur, l’audace de l’homme devant Dieu, la raison scrutatrice devant le miracle.


VIII

La première œuvre de Léonard fut un carton pour une tenture tissée en Flandre, un cadeau des citoyens de Florence au roi de Portugal. Le dessin représentait Adam et Ève.

Le palmier du Paradis était si merveilleux d’exactitude que, d’après un témoin, « la raison était confondue à la pensée qu’un homme pût avoir une patience semblable ». Du serpent Satan aux traits