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Plus loin, le village de Vinci ressemblait à une ruche collée sur un tremble.

Rien n’avait changé. Comme quarante ans auparavant, les violettes blanches poussaient, le mont Albano bleuissait, et tout était simple, calme, pauvre, pâle et septentrional.

Il se leva et poursuivit sa route. Le vent devenait plus froid et plus rageur. Mais Léonard n’y prêtait guère attention, tout à ses souvenirs.

Les affaires du notaire Piero da Vinci étaient prospères. Adroit, gai et débonnaire, il savait s’entendre avec tout le monde. Le clergé, particulièrement, lui accordait ses faveurs. Devenu fondé de pouvoirs du riche couvent de l’Annonciade et de plusieurs autres œuvres de bienfaisance, ser Piero arrondissait sa fortune, achetait des terrains, des maisons, des vignes dans les environs de Vinci, sans rien changer à son modeste genre de vie, suivant les principes de ser Antonio.

Lorsque mourut sa première femme, Albiera Amadori, très vite consolé, le veuf de trente-huit ans épousa une toute jeune et jolie fille, presque une enfant, Francesca di ser Giovanni Lanfredini. Mais il n’eut pas non plus d’enfant de ce second mariage. Léonard vivait avec son père à Florence. Ser Piero avait l’intention de donner une solide instruction à cet aîné illégitime, pour, le cas échéant, en faire son héritier,