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trouvait incroyable, presque miraculeuse, la facilité avec laquelle l’élève saisissait tout, comme s’il se ressouvenait d’une chose déjà apprise.

L’aïeul n’approuvait pas les bizarreries de son petit-fils. Il lui déplaisait également qu’il fût gaucher, puisqu’il était convenu que tous ceux qui avaient conclu un pacte avec le diable, les sorciers et les impies étaient nés de même. L’antipathie de ser Antonio augmenta encore, lorsqu’une vieille femme de Fortuniano lui eut assuré que la femme du mont Albano, qui avait vendu la chèvre noire nourrice de Nardo, était une sorcière. Il se pouvait que, pour plaire au diable, elle eût ensorcelé le lait de la chèvre.

« Ce qui est vrai, est vrai, pensait l’aïeul. Le bois attire toujours le loup. Enfin, si telle est la volonté du Seigneur… Chaque famille a son monstre. »

Le vieillard attendait avec impatience que son bien-aimé fils Piero lui annonçât la nouvelle réjouissante de la naissance d’un enfant légitime, digne d’être héritier, car réellement Nardo semblait « illégal » dans cette famille.

Les habitants du mont Albano racontaient une particularité de leur pays qu’on ne retrouvait nulle part ailleurs : c’était la couleur blanche de beaucoup de plantes et d’animaux, violettes, framboises, moineaux, d’où, de toute antiquité, ce nom donné à la montagne : « Albano ».

Le petit Nardo était un de ces phénomènes, le monstre de la famille vertueuse et bourgeoise des notaires florentins.