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Arrivé au hameau, Léonard s’arrêta, ne reconnaissant plus l’endroit. Il se souvenait que, jadis, se dressaient là les ruines du château Adimari et que dans l’une des tourelles se trouvait une pauvre auberge. Maintenant, à la même place, s’élevait une maison neuve, toute blanche au milieu des vignes. Derrière un mur très bas, un paysan binait la terre. Il expliqua à l’artiste que le propriétaire de l’auberge était mort et que ses héritiers avaient vendu son bien à un riche éleveur d’Orbiniano.

Ce n’était pas sans une intime pensée que Léonard s’inquiétait du petit cabaret d’Anciano : il y était né.

Là, tout de suite, à l’entrée du hameau, au-dessus de la grande route qui traversait le mont Albano pour rejoindre Pistoia, dans le sombre repaire des Adimari, cinquante ans auparavant s’abritait une joyeuse guinguette.

Les habitants des villages voisins, en se rendant à la foire de San Miniato ou de Fuceccio, les chasseurs d’izars, les conducteurs de mules, les douaniers, venaient ici pour causer, boire une fiole de vin gris, jouer aux échecs, aux cartes, aux osselets ou à la tarocca.

La servante du cabaret était une orpheline de seize ans, originaire de Vinci, et s’appelait Catarina.

Un matin de printemps de l’année 1451, le jeune notaire florentin Piero di ser Antonio da Vinci, étant venu passer quelques jours chez son père, fut invité à Anciano pour rédiger un contrat, puis emmené par ses