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est la quarante-huit mille huit cent vingt-troisième partie de la figure.

Merula leva les sourcils, et souriant, incrédule :

— On vivrait un siècle, on apprendrait pendant un siècle. Jamais je n’aurais songé qu’on puisse atteindre à une pareille exactitude.

— Plus on est exact, mieux cela vaut ! repartit son interlocuteur.

— Oh ! certainement ! répliqua Merula, bien que, savez-vous, en art, en beauté, tous ces calculs mathématiques… Je dois avouer que je ne puis croire qu’un artiste en plein enthousiasme, dominé par l’inspiration, pour ainsi dire sous l’influence directe de Dieu…

— Oui, oui, vous avez raison, acquiesça l’inconnu, mais il est tout de même curieux de sentir…

Et s’agenouillant, il calcula au goniomètre le nombre de divisions entre la naissance des cheveux et le menton.

« Sentir ! songea Giovanni. Est-ce qu’on peut sentir et mesurer. Quelle folie ! Ou bien il ne sent et ne comprend rien ?… »

Merula, désirant évidemment toucher au vif son interlocuteur et faire naître une discussion, commença à louer la perfection des Anciens : combien il serait profitable de les imiter. Mais l’inconnu se taisait, et lorsque Merula se tut, il dit avec un sourire moqueur qui se perdit dans sa longue barbe :

— Qui peut boire à la source ne boira pas dans la coupe.