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saisit du duc et on l’amena au maréchal, qui versa aux Suisses trente mille ducats – les trente deniers de Judas.

Louis XII chargea le sire de La Trémoille de conduire le prisonnier en France. Celui qui, selon l’expression des poètes de cour, « le premier après Dieu, gouvernait la Fortune » fut emmené sur une charrette, dans une cage, comme une bête fauve. Comme faveur spéciale, le duc pria ses geôliers de lui permettre d’emporter la Divine Comédie du Dante, per studiare, pour l’étudier, disait-il.

Le séjour à la villa devenait de plus en plus dangereux. Les Français pillaient de concert avec les lansquenets et les Vénitiens. Des bandes rôdaient autour de Vaprio. Messer Girolamo, Francesco et la tante Bonne partirent pour Chiavenna.

C’était la dernière nuit que Léonard passait à la villa Melzi. Selon son habitude, il notait dans son journal tout ce qu’il avait vu et entendu de curieux durant toute la journée :

« Quand la queue de l’oiseau est courte, écrivait-il cette nuit-là, et les ailes larges, il les soulève de façon que le vent s’y engouffre. Je l’ai observé sur un épervier, au-dessus de l’église de Vaprio, à droite de la route de Bergame, le matin du 14 avril 1500. »

Au-dessous, sur la même page :

« Le More a perdu son royaume, ses biens, sa liberté, et tout ce qu’il a entrepris s’est terminé par le néant. »