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Ils regardèrent le nuage lointain criblé de petits feux, si minuscule, si rose sous le soleil couchant, qu’il était difficile de croire qu’un combat avait lieu, que des hommes s’entretuaient.

Une bande d’oiseaux zébra le ciel. Tout en les suivant du regard, Francesco cherchait à s’imaginer les poissons nageant jadis dans l’immense océan, aussi profond, aussi étranger aux gens que le ciel.

Ils se taisaient. Mais à cet instant tous deux ressentaient la même chose : « N’était-il pas indifférent qui vaincrait, les Français les Lombards, ou les Lombards les Français, le roi ou le duc ? La patrie, la politique, la gloire, la guerre, la chute des empires, les révoltes des peuples, tout ce qui paraît aux hommes grandiose et terrible, ne ressemblait-il donc pas à ce petit nuage de fumée perdu dans la lumière douce du crépuscule, parmi l’éternelle clarté de la nature ? »


VIII

Non loin du village de Mandello, au pied du mont Campione, existait une mine de fer. Les habitants des environs racontaient que, plusieurs années auparavant, une avalanche y avait enterré un nombre considérable d’ouvriers, que les gaz sulfureux asphyxiaient qui se risquait à y descendre, et qu’une pierre lancée dans le