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ressortaient pimpantes les maisons blanches de Bergame. Les cimes des Alpes étincelaient. Tout était clair. Seulement dans le lointain, entre Treviglio et Brignano, montait un petit nuage de fumée.

— Qu’est-ce ? demanda Francesco.

— Je ne sais pas, dit Léonard. Peut-être une bataille. Tiens, vois-tu les feux ? On dirait un tir de canons. Peut-être est-ce un combat entre les Français et les nôtres ?

Ces derniers temps, ces escarmouches se répétaient fréquemment dans la plaine lombarde.

Durant quelques minutes, silencieusement, ils contemplèrent le nuage. Puis ils se prirent à examiner le résultat des dernières fouilles. Le maître prit dans ses mains un os très long, tranchant et effilé comme une aiguille, probablement une arête de poisson antédiluvien.

— Combien de peuples, murmura Léonard pensif avec un doux sourire, combien de rois ont disparu depuis que ce poisson s’est endormi sous ces roches ! Que de milliers d’années ont passé sur le monde, quelles transformations s’y sont opérées, tandis qu’il restait dans sa cachette, peu à peu effrité par le temps !

Il étendit la main vers la plaine.

— Tout ce que tu vois ici. Francesco, était jadis le fond d’un océan qui couvrait une partie de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie. Les cimes des Apennins étaient des îles, et là où planent maintenant les oiseaux nageaient des poissons.