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Timide comme une fille, le gamin l’avait longtemps évité. Mais une fois, comme il entrait dans la chambre de Léonard pour exécuter une commission de son père, il vit les verres multicolores dont se servait l’artiste pour étudier les teintes complémentaires. Léonard lui proposa de regarder au travers. L’amusement plut à l’enfant. Les objets connus prenaient un aspect féerique, sombre, radieux, agressif ou tendre, selon que l’on regardait à travers le verre jaune, bleu, rouge, violet ou vert. De même, une autre invention de Léonard le captiva : la chambre obscure. Lorsque sur une feuille de papier blanc apparaissaient les tableaux vivants, qu’il pouvait distinctement voir tourner les roues du moulin, tourbillonner une bande de choucas au-dessus du clocher de l’église, ou le petit âne gris Peppo marcher sur la route, Francesco, ravi, battait des mains.

À l’école du village, l’enfant travaillait paresseusement ; la grammaire latine le dégoûtait, l’arithmétique l’ennuyait. Mais la science de Léonard était tout autre. Elle semblait à l’enfant intéressante comme une fable. Les appareils de mécanique, d’optique, d’acoustique l’attiraient comme des jouets vivants. Du matin au soir, il ne se lassait pas d’écouter parler Léonard. Avec les hommes l’artiste était dissimulé, car il savait que le moindre mot imprudent pouvait lui attirer un soupçon ou une raillerie. Avec Francesco il parlait de tout avec confiance et simplicité. Non seulement il apprenait à l’enfant, mais l’enfant lui apprenait bien des choses. Et se souvenant de la parole du Christ : «