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L’engin s’abattit sur une maison en feu. La flamme s’élança vers le ciel. La place s’illumina d’une lumière rouge qui ternit le clair de lune.

Les gens, comme des ombres, traînaient, couraient, s’agitaient, pénétrés d’effroi.

Léonard regardait ces fantômes humains.

Chaque fois qu’il se souvenait de sa découverte, dans la pourpre du feu, dans les cris de la foule, dans l’écho du tocsin, dans le crépitement des canons, il s’imaginait les calmes ondes des sons et de la lumière qui, se balançant majestueusement comme les rides de l’eau formées par la tombée d’une pierre, se dispersaient dans l’air, s’entrecroisaient sans se mêler, et gardaient pour point de repère leur point de départ. Et une grande joie emplissait son cœur à l’idée que les hommes ne pouvaient d’aucune façon rompre cette harmonie des infinies et invisibles ondes, qui planaient au-dessus de tout, telle la volonté unique du Créateur, la loi mécanique, la loi de la justesse – l’angle d’incidence égal à l’angle de la réflexion. Les paroles qu’il avait inscrites dans son journal et que si souvent il avait répétées, sonnaient à nouveau à ses oreilles : « O mirabile giustizia di te, Primo Motore ! Oh ! que ta justice est miraculeuse, Premier Moteur ! Tu n’as voulu priver aucune force de son ordre et de ses qualités. Ô divine nécessité, tu forces toutes les conséquences à découler par la voie la plus rapide de leur cause. »

Au milieu de la foule démente du peuple, dans le cœur de l’artiste régnait l’éternel calme de la contemplation,