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Mais personne ne l’écoutait.

— Quel terrible père Faustino nous avons ! disait en branlant la tête le sage meunier. Son âme ne tient qu’à un fil dans son corps et voyez pourtant comme il se démène ! Si on avait encore trouvé un trésor…

— On dit que l’idole est en argent.

— En argent ! Je l’ai vue de près : du marbre ; et elle est toute nue, l’impudique…

— Le Seigneur me pardonne ! Cela ne vaut pas la peine de se salir les mains avec une telle ordure.

— Où vas-tu, Zaccheo ?

— Aux champs.

— Bon travail ! Moi je vais à mes vignes.

Toute la rage du curé se tourna contre ses paroissiens :

— Ah ! c’est ainsi, chiens infidèles, race de Cham ! Vous abandonnez votre pasteur ! Mais savez-vous seulement, maudite engeance satanique, que si je ne priais pour vous jour et nuit, si je ne me frappais la poitrine, si je ne sanglotais, si je ne jeûnais, votre maudit village serait exterminé par la colère de Dieu ! Oui, je vous quitterai, je secouerai de mes sandales votre ignoble terre. Qu’elle soit maudite ! Maudit le pain, maudit le vin, maudits les troupeaux et vos enfants et vos petits-enfants ! Je ne suis plus votre père, je ne suis plus votre pasteur ! Je vous renie ! Anathème !