Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/459

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Le petit… le petit est écrasé… Il était dans son lit… le parquet s’est effondré… Peut-être vit-il encore… Aidez-moi !

Une bombe déchira l’air en sifflant et tomba sur le toit de la maisonnette. Les poutres craquèrent. Un nuage de poussière monta. La masure s’abattit et la femme se tut.

Léonard se dirigea vers l’hôtel de ville. Face à la loggia Osii, un étudiant de l’Université de Pavie, monté sur un banc, déclamait sur la grandeur du peuple, l’égalité des pauvres et des riches, la chute des tyrans. La foule l’écoutait, méfiante.

— Citoyens ! criait l’orateur en brandissant un couteau, citoyens, mourons pour la liberté ! Trempons le glaive de Némésis dans le sang des tyrans ! Vive la république !

— Qu’est-ce qu’il invente ? lui répondirent des voix. Nous savons quelle liberté vous courtisez, traîtres, espions des Français ! Au diable la république ! Vive le duc ! À mort le traître !

Lorsque l’orateur voulut expliquer sa pensée en citant des exemples classiques de Cicéron, Tacite et Tite-Live, on l’arracha de son banc, on le piétina :

— Voilà pour ta liberté, voilà pour ta république ! Allons, frappez-le ! Tu ne nous tromperas pas. Tu te souviendras de ce qu’il en coûte d’ameuter le peuple contre le duc légitime !

Sur la place d’Arrengo, Léonard vit les flèches et les tourelles de la cathédrale, pareilles à des stalactites