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cœur qu’il lui sembla que ces ailes qui étaient le rêve de sa vie existaient déjà et le soulevaient vers le ciel.

Il se sentit à l’étroit dans son souterrain, il voulut voir le ciel et l’espace.

Sortant de sa maison, il se dirigea vers la place de la cathédrale.


V

La nuit était claire et la lune brillait. Au-dessus des toits des maisons se projetaient les lueurs pourpres des incendies. Plus on avançait vers le centre de la ville, la place Broletto, plus la foule devenait compacte. Tantôt éclairés par la lumière bleue de la lune, tantôt par le reflet rouge des torches, ressortaient les visages convulsés, les étendards blancs à croix rouge de la commune de Milan, les arquebuses, les mousquetons, les lances, les faux, les fourches. Telles des fourmis, les gens s’agitaient, aidant des bœufs à traîner une vieille bombarde. Le tocsin sonnait. Les canons tonnaient. Les mercenaires français enfermés dans le fort mitraillaient les rues de Milan. Ils se vantaient, avant de se rendre, de détruire la ville entière. Et à tous ces bruits se mêlait le cri féroce de la populace :

« À mort les Français ! À bas le roi ! Vive le More ! »

Tout ce que voyait Léonard ressemblait à un rêve stupide et effrayant.