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Après avoir soupé et causé avec ses élèves, Léonard se remit de nouveau au travail.

Il pressentait qu’il touchait presque à une grande découverte.

« Regarde comme le vent, dans les champs, chasse les tiges de blé, comme elles ondulent l’une après l’autre, tandis que les épis en s’inclinant restent immobiles. Ainsi les vagues courent sur l’eau. Ces rides produites sur l’eau par la tombée d’une pierre ou par le vent sont plutôt un frisson qu’un mouvement, ce dont tu peux te convaincre en jetant une paille sur les cercles des vagues et observant qu’elle se balance sans bouger. »

L’expérience de la paille le fit songer à une autre pareille, qu’il avait déjà pratiquée, en étudiant la transmission du son. Tournant quelques pages, Léonard lut :

« Au coup d’une cloche répond faiblement une autre cloche ; la corde vibrant sur le luth fait vibrer la même corde sur un luth voisin, et si tu poses une paille sur cette corde, tu la verras trembler. »

Avec une profonde émotion, il devinait une corrélation entre ces deux phénomènes distincts.

Et subitement, comme un éclair, aveuglante, une pensée traversa son esprit :

« La même loi mécanique ici et là ! Comme les vagues de l’eau, les ondes sonores se séparent dans l’air, s’entrecroisent sans se mêler, gardant le point de départ de chaque son. Et la lumière ? L’écho étant le reflet du son, le reflet du jour dans une glace est