Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/453

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’horreur s’échappa de sa poitrine. Il lui semblait qu’il tombait. Puis de nouveau il se reprit à parler avec volubilité :

— Non, non, ne vous moquez pas de lui. C’est ma faute. Il disait que les ailes n’étaient pas prêtes. C’est fini… J’ai déshonoré mon maître… Entendez-vous ? Qu’est-ce ? On parle encore de lui, du plus petit et du plus lourd des démons, la Mécanique ! « Et le diable l’emmena à Jérusalem, continua-t-il en psalmodiant, et il le mit sur le toit du temple, et il lui dit : “Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici à terre. Car il est écrit : Tes anges doivent te préserver ; et ils te porteront sur leurs bras, afin que tes pieds ne touchent aucune pierre.” Voilà, j’ai oublié ce qu’il a répondu au démon Mécanique ! Tu ne te souviens pas, Giovanni ?

Il fixa sur Beltraffio un regard presque conscient, mais Beltraffio crut qu’il délirait.

— Tu ne te souviens pas ? insistait le malade.

Pour le calmer, Giovanni récita le douzième verset du quatrième chapitre de l’Évangile de Luc :

« Jésus-Christ lui répondit : “Il est dit : Ne tente pas ton Seigneur Dieu !” »

— Ne tente pas ton Seigneur Dieu ! répéta Astro.

Puis le délire le reprit.

— Bleu, bleu, sans un nuage. Il n’y a pas de soleil. Et il ne faut pas d’ailes. Oh ! si le maître savait combien il est bon et doux de tomber dans le ciel !

Léonard le regardait et songeait :

« À cause de moi, il est perdu à cause de moi !