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Le visage du vieux maréchal s’était empourpré, les veines de son cou se gonflaient.

— Monseigneur, balbutiait le soldat agenouillé et tremblant, monseigneur, nous ne savions pas… Le capitaine Cocqueburne…

— Attendez, fils de chien ! criait Trivulce, je vous montrerai le capitaine Cocqueburne… Je vous pendrai tous…

L’acier d’une épée brilla. Il la brandit et aurait frappé, mais, au même instant, Léonard, de sa main gauche, saisit son poignet avec une force telle que le gantelet, la bracciola se gondola. Essayant en vain de se débarrasser de l’étreinte, le maréchal regarda Léonard avec étonnement.

— Qui es-tu ? demanda-t-il.

— Léonard de Vinci, répondit celui-ci tranquillement.

— Comment oses-tu ! commença le vieillard furieux.

Mais ayant rencontré le regard clair et doux de l’artiste, il se tut.

— Alors, c’est toi, Léonard, dit-il en le dévisageant. Lâche ma main. Tu as tordu mon gantelet… Quelle force ! Tu es hardi, mon ami…

— Monseigneur, je vous en supplie, ne vous fâchez pas, pardonnez-leur, murmura l’artiste respecteusement.

Le maréchal le contempla encore plus attentivement, sourit et secoua la tête :

— Original ! Ils ont détruit ta plus belle œuvre et tu sollicites leur pardon ?