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structure du corps vivant de la machine morte, et il lui semblait qu’il aspirait à l’impossible, au déraisonnable.

— Enfin, Dieu merci, c’est fini ! cria Astro en remontant les ressorts.

Les anges agitèrent leurs ailes lourdes. Dans la pièce passa un souffle, et la légère et fine aile de l’hirondelle géante s’agita, comme vivante. Le forgeron la contempla avec tendresse.

— Ce que j’ai perdu de temps avec ces babioles ! grogna-t-il en désignant les anges. Seulement, maintenant, maître, je ne sors pas d’ici avant d’avoir terminé mes ailes. Veuillez me donner le croquis de la queue.

— Il n’est pas prêt, Astro. Attends, je dois encore réfléchir.

— Mais, messer, vous me l’aviez promis avant-hier…

— Que veux-tu, mon ami ! tu sais que la queue de notre oiseau doit remplacer le gouvernail. La moindre faute, la plus petite erreur, peut tout perdre.

— Bien, bien… Vous devez le savoir mieux que moi. J’attendrai en achevant la seconde aile…

— Astro, murmura le maître, attends. Je crains qu’en nous pressant nous soyons amenés encore à des transformations.

Le forgeron ne répondit pas. Avec précaution, il remua la carcasse de roseau tendue d’un croisillon de tendons de bœuf. Puis il se tourna vers Léonard et d’une voix sourde, émue, dit :